Archives de l’auteur : Arnaud

Quai d’Orsay (Bertrand Tavernier, 2013) : Le langage, régulateur des crises internationales – Une analyse de Immi Tallgren

21040497_20130917180148438Denrée rare et souvent fade du cinéma français, le film politique vient ces dernières années de gagner quelques lettres de noblesse ou, pour s’affranchir de toute terminologie aristocratique, quelques vaillantes couleurs républicaines. Après L’exercice de l’Etat, remarquable étude des cabinets ministériels signé par Pierre Schoeller, c’est au tour de Bertrand Tavernier de livrer, avec Quai d’Orsay, sa vision du fonctionnement du pouvoir exécutif. Il ne s’agit pas de sa première intrusion dans les hautes sphères de l’Etat. Il y a près de quarante ans, Que la fête commence mettait déjà en scène les plus éminentes figures de la monarchie française. Certains prendront plaisir à établir quelques parallèles saisissants entre la cour du duc d’Orléans et celle du ministre des affaires étrangères. D’autres s’amuseront tout autant à reconnaître, parmi les acteurs qui firent une brève apparition dans Que la fête commence, l’encore tout jeune Thierry Lhermitte, qui tient aujourd’hui le rôle du locataire phraseur et virevoltant du Quai d’Orsay.

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Le droit international en VTT: La situation juridique des Bédouins en Israël – Une analyse d’Eric David

An english translation of this analysis is available here.

1. pistes de VTT

L’étude du droit, fût-il international, n’exclut pas une méthodologie sportive. Le Président du Centre de droit international de l’ULB, Eric DAVID, profitant des disponibilités que lui procure son accès à l’éméritat en a fait l’expérience sur les pistes du désert – le Neguev/Naqab – en Israël. Il a participé à une randonnée cycliste organisée dans la région de Be’er Sheva par une association belge – Solidarity with Bedouins – désireuse d’attirer l’attention du public sur la situation difficile des Bédouins vivant dans des villages non reconnus par Israël. En voici les conclusions où la force des mollets du cycliste se conjugue aux neurones du juriste …

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« L’interprète » (Sidney Pollack, 2005) : l’ONU, la Cour pénale internationale et les Etats Unis. – Une analyse d’Arnaud Louwette

L'interprètePremier film jamais tourné dans l’enceinte du siège des Nations Unies, « L’interprète » met en scène une interprète à l’Assemblée générale des Nations Unies, Silvia Broome (Nicole Kidman) qui, ayant la mauvaise idée de passer en soirée rechercher ses effets personnels sur son lieu de travail, entend par inadvertance une conversation dans une langue inconnue du spectateur. Si ce dernier n’est, dès lors, pas à même de comprendre le contenu de cette discussion, il n’en est pas de même de notre interprète qui, le hasard faisant bien les choses, se trouve être l’une des rares personnes à parler la langue locale du Matobo, le Ku, langue dans laquelle nos conspirateurs devisaient en plein milieu de l’Assemblée alors qu’un micro avait fort opportunément été laissé allumé. Le hasard fait décidément bien les choses…

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Colloque international – Présentations et représentations du droit international dans les films et les séries télévisées

Largo WinchLes 17 et 18 février 2014, le Centre de droit international organise un colloque à l’occasion de son cinquantième anniversaire, sur le thème « Droit international et cinéma ». Vous y êtes toutes et tous cordialement invités, moyennant une simple inscription préalable à l’adresse suivante:  dicinema@ulb.ac.be, avec mention « inscription colloque 50 ans ». Le nombre de places étant limité, merci de bien vouloir préciser si vous souhaitez assister à l’ensemble du colloque ou à une ou plusieurs demi-journées en particulier.

Colloque droit international et cinéma – Programme
Colloque droit international et cinéma – Affiche
Colloque droit international et cinéma – Présentation du colloque
Colloque droit international et cinéma – Flyer

Le trailer:

Columbo (Ted Post,1975, saison 5, épisode 2) : un diplomate peut-il renoncer à son immunité diplomatique ? – Une analyse de Maxime Didat

Columbo 2Après s’être frotté à tous les VIP imaginables, du banquier à la star hollywoodienne en passant par l’homme politique, le plus célèbre des lieutenants (Columbo, alias Peter Falk) est amené à démontrer qu’un diplomate a commis un crime dans les locaux diplomatiques mêmes.  On s’en doute, si les fans de l’homme au basset neurasthénique, à l’imperméable fatigué et à l’inénarrable 403 décapotable ont de quoi se régaler, grâce à ses questions faussement ingénues et à son air « de ne pas y toucher », les spécialistes du droit international et les aficionados des réalités diplomatiques en seront, eux, pour leurs frais.  Ce n’est un secret pour personne que la diplomatie fait fantasmer bon nombre de scénaristes ; et ces derniers n’hésitent jamais à laisser libre cours à leur esprit débridé, présentant ce qu’ils croient être le réel pour n’en projeter qu’une image déformée.  A cet égard, il va de soi que le mythe de l’extraterritorialité a droit de cité dans le présent épisode : lorsqu’il est dans les murs de l’hôtel diplomatique, Columbo n’est évidemment plus sur le sol américain, mais bien – comme par magie – téléporté à des milliers de kilomètres de là.  L’aspect largement galvaudé de l’extraterritorialité et des « chimères » qu’il suscite ayant déjà été traité dans une autre analyse (cf. « L’Arme fatale 2 », par Marco Benatar), nous consacrerons notre analyse à relever quelques erreurs relatives à d’autres questions de droit diplomatique.

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L’homme qui en savait trop (Alfred Hitchcock, 1956) : « I’m not responsible for the complications of international law » – Une analyse de Yann Kerbrat

L'homme qui en savait tropNe serait-ce que pour cette superbe réplique, qu’on entendra à la fin du second des extraits reproduits ci-dessous, la version « américaine » de L’homme qui en savait trop mériterait de trouver place dans une série de commentaires sur le droit international et le cinéma. Au-delà, l’intrigue du film tout entière pourrait constituer la trame d’un cas pratique pour des étudiants en droit international. Dans un Maroc sous domination coloniale française, un ressortissant américain, le docteur Ben Mc Kenna (James Stewart) en congé à l’hôtel Mamounia de Marrakech avec son épouse Jo (Doris Day) et son fils Hank, est témoin du meurtre d’un Français rencontré peu auparavant, qui lui révèle, au moment de mourir, un complot visant à assassiner à Londres un premier ministre étranger. Cherchant à faire pression sur lui pour obtenir qu’il n’en informe pas les autorités, des complices du crime (les Draytons) profitent de son absence de l’hôtel pour enlever Hank et le conduisent en Angleterre. S’ensuit une recherche palpitante des deux époux à travers Londres. Elle connaîtra un épilogue heureux dans les locaux diplomatiques de l’Etat de nationalité du premier ministre menacé, grâce à la célèbre chanson Que sera, sera, chantée à tue-tête par Doris Day. Continuer la lecture

« Tintin, Politics and Human Rights » – Un midi du centre à ne pas manquer ce jeudi 10 octobre!

photo sarah josephCe jeudi 10 octobre, la professeure Sarah Joseph qui dirige le Centre Castan des droits de l’homme à l’Université Monash de Melbourne nous entretiendra des droits de l’homme dans les aventures de Tintin. Sarah Joseph vient de publier, chez Oxford University Press, la troisième édition de son ouvrage « The International Covenant on Civil and Political Rights: Cases Materials and Commentary » (co-auteure avec Melissa Castan). Ses recherches portent par ailleurs sur les rapports entre les droits de l’homme et le droit du commerce, les multinationales, le terrorisme et l’autodétermination. Sarah Joseph est également une fan de longue date de Tintin.

Ce midi du Centre de droit international se déroulera à la salle de réunion du centre (Bâtiment H, 5ème étage, local H5.159) de 12h15 à 14h00. Des sandwiches et rafraîchissements sont offerts sous réserve d’Inscription avant 15h00 le jour ouvrable précédant l’événement. En cas d’inscription, nous vous remercions de venir effectivement à la séance ou, en cas d’empêchement impromptu, de nous prévenir aussitôt que possible afin que nous en tenions compte pour la commande de sandwiches.

Rencontre avec Yehuda Shaul, fondateur de l’ONG israélienne Breaking the Silence

breaking-the-silence-eng1Le Centre de droit international a le plaisir de vous informer de la tenue prochaine d’une rencontre avec Yehuda Shaul, fondateur de l’ONG israélienne Breaking the Silence. Celle-ci aura lieu le lundi 14 octobre à 12 h 30, bâtiment K, salle 3.601 sur le campus du Solbosch.

tour2Breaking the Silence est une association créée en 2004 par d’anciens soldats ayant servi dans l’armée israélienne, qui a pour objectif de révéler à l’opinion publique israélienne et internationale la réalité du quotidien dans les Territoires occupés et le lourd tribut payé par les populations palestiniennes mais aussi par les soldats qui ont chaque jour pour mission de les “contrôler”. Yehuda Shaul présentera l’ouvrage « Le Livre noir de l’occupation israélienne – Les soldats racontent », qui paraît le 9 octobre aux éditions « Autrement » et rassemble les témoignages de 145 soldats sur les pratiques de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. La conférence se tiendra en anglais.

L’entrée est libre moyennant inscription sur la page suivante.

Torture, nationaux et territoire dans la série « Scandal » (Shonda Rhymes, 2012): – Une analyse de Vincent Chapaux

Scandal-PosterOlivia Pope est à Scandal ce qu’Hannibal Smith est à l’Agence Tout Risque (The A-Team, 1983-1987) : le leader charismatique du groupe que l’on appelle lorsque la situation est vraiment désespérée. A la différence de la bande de garçon des années 1980, Olivia Pope pratique toutefois assez peu le tuning de voiture et les courses poursuites effrénées. Elle évolue à Washington D.C. où l’expertise juridique, l’investigation et la communication constituent des armes souvent plus efficaces que le fusil à pompe. Épaulée par un cabinet d’experts, elle offre ses services aux personnes qui ont besoin de faire disparaître les scandales avant même qu’ils ne surviennent.

La scène qui est reproduite ci-dessous est centrée sur Huck, collaborateur direct d’Olivia Pope et ancien membre de la CIA. Soupçonné d’être le tireur d’élite ayant mis le Président des États-Unis en coma prolongé, il est torturé sans relâche dans les caves du Pentagone, loin de l’influence d’Olivia Pope qui ignore sa situation. Huck ne doit son salut qu’au procureur des États-Unis (US Attorney) qui assiste aux actes de torture et qui les fera cesser par la force du droit.

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La Valise (Georges Lautner, 1973) : pour une nouvelle approche des relations diplomatiques et consulaires et du règlement pacifique des différends – Une analyse de Philippe Lagrange

La valise« Ce film ne vise qu’à distraire. L’action se situe au Moyen-Orient. Les événements actuels lui donneront sans doute un relief que nous ne souhaitions pas. Notre équipe est composée des chrétiens, de juifs, de musulmans. Nous sommes des amis. Nous comptons bien le rester ». Cet avertissement, ajouté in extremis avant même que ne débute le générique du film, ne se comprend que si l’on prend la peine de resituer La Valise dans son contexte historique.

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