Ainsi l’« affaire Arendt » – plutôt que l’« affaire Eichmann » – a-t-elle été portée à l’écran. L’un des événements cinématographiques marquants de l’année 2013 est en effet la sortie d’un film allemand, réalisé par Margarethe von Trotta, consacré à la vie de Hannah Arendt afin d’illustrer certaines dimensions de sa pensée. On savait depuis longtemps que la vie de la philosophe avait quelque chose de fascinant (et ce bien au-delà de la couverture du procès Eichmann et de ses suites ; pensons à sa liaison avec Martin Heidegger). Un élément cinématographique peut à présent être ajouté au dossier.
Les points de focalisation de la polémique suscitée par la publication, en 1963, d’Eichmann à Jérusalem peuvent être brièvement rappelés : premièrement, il était reproché à Arendt d’avoir mis en cause le rôle des « conseils juifs », c’est-à-dire des organes représentatifs juifs, durant les années d’extermination ; ensuite, sa façon d’aborder la personnalité d’Eichmann et sa « thèse » corrélative de la banalité du mal avaient été soumises à la critique.