Premier film jamais tourné dans l’enceinte du siège des Nations Unies, « L’interprète » met en scène une interprète à l’Assemblée générale des Nations Unies, Silvia Broome (Nicole Kidman) qui, ayant la mauvaise idée de passer en soirée rechercher ses effets personnels sur son lieu de travail, entend par inadvertance une conversation dans une langue inconnue du spectateur. Si ce dernier n’est, dès lors, pas à même de comprendre le contenu de cette discussion, il n’en est pas de même de notre interprète qui, le hasard faisant bien les choses, se trouve être l’une des rares personnes à parler la langue locale du Matobo, le Ku, langue dans laquelle nos conspirateurs devisaient en plein milieu de l’Assemblée alors qu’un micro avait fort opportunément été laissé allumé. Le hasard fait décidément bien les choses…
Archives de catégorie : « Culture-pop » et droit international
Columbo (Ted Post,1975, saison 5, épisode 2) : un diplomate peut-il renoncer à son immunité diplomatique ? – Une analyse de Maxime Didat
Après s’être frotté à tous les VIP imaginables, du banquier à la star hollywoodienne en passant par l’homme politique, le plus célèbre des lieutenants (Columbo, alias Peter Falk) est amené à démontrer qu’un diplomate a commis un crime dans les locaux diplomatiques mêmes. On s’en doute, si les fans de l’homme au basset neurasthénique, à l’imperméable fatigué et à l’inénarrable 403 décapotable ont de quoi se régaler, grâce à ses questions faussement ingénues et à son air « de ne pas y toucher », les spécialistes du droit international et les aficionados des réalités diplomatiques en seront, eux, pour leurs frais. Ce n’est un secret pour personne que la diplomatie fait fantasmer bon nombre de scénaristes ; et ces derniers n’hésitent jamais à laisser libre cours à leur esprit débridé, présentant ce qu’ils croient être le réel pour n’en projeter qu’une image déformée. A cet égard, il va de soi que le mythe de l’extraterritorialité a droit de cité dans le présent épisode : lorsqu’il est dans les murs de l’hôtel diplomatique, Columbo n’est évidemment plus sur le sol américain, mais bien – comme par magie – téléporté à des milliers de kilomètres de là. L’aspect largement galvaudé de l’extraterritorialité et des « chimères » qu’il suscite ayant déjà été traité dans une autre analyse (cf. « L’Arme fatale 2 », par Marco Benatar), nous consacrerons notre analyse à relever quelques erreurs relatives à d’autres questions de droit diplomatique.
L’homme qui en savait trop (Alfred Hitchcock, 1956) : « I’m not responsible for the complications of international law » – Une analyse de Yann Kerbrat
Ne serait-ce que pour cette superbe réplique, qu’on entendra à la fin du second des extraits reproduits ci-dessous, la version « américaine » de L’homme qui en savait trop mériterait de trouver place dans une série de commentaires sur le droit international et le cinéma. Au-delà, l’intrigue du film tout entière pourrait constituer la trame d’un cas pratique pour des étudiants en droit international. Dans un Maroc sous domination coloniale française, un ressortissant américain, le docteur Ben Mc Kenna (James Stewart) en congé à l’hôtel Mamounia de Marrakech avec son épouse Jo (Doris Day) et son fils Hank, est témoin du meurtre d’un Français rencontré peu auparavant, qui lui révèle, au moment de mourir, un complot visant à assassiner à Londres un premier ministre étranger. Cherchant à faire pression sur lui pour obtenir qu’il n’en informe pas les autorités, des complices du crime (les Draytons) profitent de son absence de l’hôtel pour enlever Hank et le conduisent en Angleterre. S’ensuit une recherche palpitante des deux époux à travers Londres. Elle connaîtra un épilogue heureux dans les locaux diplomatiques de l’Etat de nationalité du premier ministre menacé, grâce à la célèbre chanson Que sera, sera, chantée à tue-tête par Doris Day. Continuer la lecture
Torture, nationaux et territoire dans la série « Scandal » (Shonda Rhymes, 2012): – Une analyse de Vincent Chapaux
Olivia Pope est à Scandal ce qu’Hannibal Smith est à l’Agence Tout Risque (The A-Team, 1983-1987) : le leader charismatique du groupe que l’on appelle lorsque la situation est vraiment désespérée. A la différence de la bande de garçon des années 1980, Olivia Pope pratique toutefois assez peu le tuning de voiture et les courses poursuites effrénées. Elle évolue à Washington D.C. où l’expertise juridique, l’investigation et la communication constituent des armes souvent plus efficaces que le fusil à pompe. Épaulée par un cabinet d’experts, elle offre ses services aux personnes qui ont besoin de faire disparaître les scandales avant même qu’ils ne surviennent.
La scène qui est reproduite ci-dessous est centrée sur Huck, collaborateur direct d’Olivia Pope et ancien membre de la CIA. Soupçonné d’être le tireur d’élite ayant mis le Président des États-Unis en coma prolongé, il est torturé sans relâche dans les caves du Pentagone, loin de l’influence d’Olivia Pope qui ignore sa situation. Huck ne doit son salut qu’au procureur des États-Unis (US Attorney) qui assiste aux actes de torture et qui les fera cesser par la force du droit.
La Valise (Georges Lautner, 1973) : pour une nouvelle approche des relations diplomatiques et consulaires et du règlement pacifique des différends – Une analyse de Philippe Lagrange
« Ce film ne vise qu’à distraire. L’action se situe au Moyen-Orient. Les événements actuels lui donneront sans doute un relief que nous ne souhaitions pas. Notre équipe est composée des chrétiens, de juifs, de musulmans. Nous sommes des amis. Nous comptons bien le rester ». Cet avertissement, ajouté in extremis avant même que ne débute le générique du film, ne se comprend que si l’on prend la peine de resituer La Valise dans son contexte historique.
Bananas (Woody Allen, 1971) : que reste-t-il du principe de non-intervention dans les guerres civiles ? – Une analyse d’Olivier Corten
Au-delà de ses caractéristiques d’une comédie satirique bouffonne parfois dénoncée comme une œuvre de jeunesse, Bananas (Woody Allen, 1971), directement inspirée d’un ouvrage de Richard P. Powell (Don Quichotte de San Marco, 1966), nous offre une série de scènes posant des questions de droit international.
« L’Arme fatale 2 » et le droit des immunités diplomatiques (Richard Donner, 1989) – Une analyse de Marco Benatar
L’Arme fatale 2 porte tous les traits d’un film « buddy cop », genre phare du cinéma hollywoodien des années 80 : le jumelage improbable de deux flics aux caractères et ethnies dissemblables, des courses-poursuites effrénées et des blagues quelquefois pénibles qui se succèdent rapidement. Outre ces caractéristiques, le film est davantage connu pour sa fameuse scène de la bombe cachées dans les toilettes, à l’attention d’un des protagonistes dont le seul crime (si l’on exclut les multiples assassinats) était de satisfaire un besoin naturel.
La Doctrine américaine de l’intervention humanitaire dans « Air Force One » (Wolfgang Petersen, 1997) – Une analyse de François Dubuisson
Le général Ivan Radek est le dirigeant autoritaire du Kazakhstan. Pour assurer son pouvoir, il réprime durement toute opposition et mène des opérations militaires à l’encontre de sa propre population. Le film débute par une séquence montrant sa capture par un commando russo-américain, destinée à le mettre hors d’état de nuire et ainsi mettre fin au conflit. Continuer la lecture
Les « Sentiers de la gloire »: peut-on tuer ses propres soldats? (Stanley Kubrick, 1957) – Une analyse de Vaios Koutroulis
Le premier sentiment que j’ai eu quand j’ai vu les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick est qu’il s’agit d’un film profondément antihéroïque. A l’exception du colonel Dax (le personnage interprété par Kirk Douglas), les autres membres de l’armée française, tant les officiers que les simples soldats, chacun à sa manière, incarnent cette attitude antihéroïque à l’égard de la guerre dans laquelle ils se trouvent impliqués. Continuer la lecture
« Le pont de la rivière Kwai »: le droit international existe-t-il? (David Lean, 1957) – Une analyse d’Eric David
J’ai vu ce film au moment de sa sortie, en 1957. Je devais avoir 13 ou 14 ans (selon le mois où je l’ai vu). Ce qui m’avait le plus impressionné, à l’époque, c’était d’abord, l’ensemble parfait avec lequel les soldats britanniques capturés par les Japonais, entraient dans le camp de prisonniers de guerre en sifflant en choeur, à l’unisson, le refrain bien connu « Le soleil brille, brille, brille ».