Ces 18 et 19 mars derniers, Vincent Chapaux a intégré une mission visant à plaider la cause du peuple sahraoui auprès des Nations Unies. Accompagné de diplomates sahraouis et de membres de la solidarité internationale, il s’est rendu à Genève, à l’occasion de la session de printemps du Conseil des droits de l’Homme. Il y a notamment rencontré des représentants de la Belgique et de diverses organisations non-gouvernementales ainsi que des membres du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme.
Depuis 1974, le Sahara occidental est occupé militairement par le Maroc en violation du droit international. Le peuple sahraoui, d’abord par les armes puis par la diplomatie, lutte depuis lors pour retrouver sa terre. Divers membres du centre de droit international ont prêté main forte aux Sahraouis, parmi lesquels Michel Vincineau, Eric David et Vincent Chapaux. Outre la publication de divers ouvrages (Chapaux, Vincent, Arts, Karin, Pinto Leite Pedro (éd.), Le droit international et la question du Sahara occidental, Porto, IPJET, 2009, 352 p ; Chapaux, Vincent (dir.), Sahara occidental. Existe-t-il des recours judiciaires pour les peuples sous domination étrangère ?/Western Sahara ; Which Legal Remedies for peoples under foreign domination ?, Bruxelles, Bruylant , 2010, 138 p.), les membres du Centre fournissent régulièrement leur expertise afin d’aider les Sahraouis dans leur combat pour l’application du droit international notamment en plaidant leur cause devant la 4ème commission de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Au delà de la situation illégale que représente l’occupation des territoires, un des enjeux de ces rencontres était de sensibiliser aux nombreuses violations de droits de l’Homme subies par les Sahraouis vivant sous l’occupation marocaine. Ces violations sont à ce jour rapportées uniquement par des organisations non-gouvernementales telles que Human Rights Watch puisque les Nations Unies ont refusé de s’entendre sur un mécanisme de surveillance. La mission des Nations Unies (MINURSO) pourtant sur place depuis les années 90, a en effet pour instruction de ne pas inclure dans ses rapports de référence aux violations des droits de l’Homme qu’elle constate sur le terrain. Pour pallier cet incroyable silence, certains ont fait pression pour qu’une mission du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme se rende sur place. Une mission a effectivement été envoyée en 2006, mais les Nations Unies se sont opposées à la publication du rapport, à ce jour toujours confidentiel.
Outre la dénonciation des violations des droits de l’Homme en cours sur le territoire, la mission a aussi insisté sur l’illégalité du mur que le Maroc a construit pour séparer les territoires conquis des territoires sous contrôle sahraoui (voy. ligne rouge sur la carte de la MINURSO). Ce gigantesque mur de sable est par ailleurs entouré de plusieurs milliers de mines qui, chaque année, font de nombreuses victimes.
Toutefois, malgré les cris de la société civile et de quelques rares États, il est fort à parier que les choses ne bougent que lentement. Certains membres puissants de la communauté internationale, en particulier la France et l’Espagne, font tout pour que rien ne change. L’Union Européenne, avec le soutien de la Belgique, en profite pendant ce temps pour exploiter les ressources naturelles du territoire notamment par l’intermédiaire d’accords avec le Maroc portant sur les ressources halieutiques des eaux sahraouies. Petite note d’optimisme pour terminer : un recours contre ce traité de pêche a été introduit devant le Tribunal de l’Union Européenne.
Le Centre continuera à suivre de près cette affaire ainsi que toutes celles dans lesquelles le droit des peuples à l’autodétermination est mis en danger par la force des armes.