Le Centre de droit international a le plaisir de vous inviter aux prochains Midis du Centre annoncés ci-dessous. Pour rappel, les séances se déroulent dans la salle de réunion du Centre de Droit International (6, Av. Paul Héger, 1050 Bruxelles, Bâtiment H, 5ème étage, local H5.159). Des sandwiches seront offerts aux participant·es qui le souhaitent sous réserve d’inscription au plus tard 48 heures avant l’événement.
14 octobre 2024, Juliette Hodayé (doctorante à l’Université de Strasbourg et à l’ULB), « Les armes intelligentes, enjeux théoriques et pratiques du droit international »
L’évolution rapide de l’armement et du développement de l’intelligence artificielle met les juristes face à des questionnements relatifs à l’évolution du droit international. En effet, le développement de l’intelligence artificielle, du deep learning et des essais d’augmentation humaine bousculent les catégories préétablies du droit international et opposent les discours des scientifiques et des juristes. L’évolution de l’armement utilisé dans les conflits armés tend à brouiller les frontières entre armes et combattants de même qu’entre sujets et objets du droit international et soulève des questionnements fondamentaux concernant une manière acceptable de faire la guerre. Si le DIH a vocation à humaniser celle-ci, les nouvelles technologies pourraient avoir comme conséquence paradoxale d’inhumaniser la guerre en protégeant les combattants et exposant les civils à des armes léthales, renversant le paradigme du droit humanitaire par un difficile respect de ses principes élémentaires. Cette contribution explore notamment des réflexions théoriques humaniste et post-humaniste concernant le statut de ces armes, mais également leur capacité à respecter les limites fixées par les normes internationales.
14 novembre 2024, Camille Lefebvre (PhD Candidate / Judicial Fellow International Court of Justice Law Faculty, Leiden University | École supérieure d’études internationales, Université Laval), « Approches tiers-mondistes, crimmigration et la criminalisation des migrants »
La combinaison des approches tiers-mondistes du droit international (TWAIL) – approche critique du droit international, qui considère que celui-ci perpétue les inégalités – et de la crimmigration – soit la convergence du droit pénal et du droit de l’immigration – permet d’offrir un nouveau cadre d’analyse du droit international de la migration. Cette intervention discutera de ces deux théories, avant d’examiner la mise en œuvre du droit international au Canada en utilisant cette approche combinée, afin de mieux comprendre comment cette mise en œuvre contribue à la criminalisation des migrants.
10 décembre 2024 : Anne Lagerwall (CDI-ULB), « Comment assurer le respect des droits humains dans les territoires illégalement occupés ? Une analyse de l’arrêt du 25 juin 2024 de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Ukraine contre Russie (Crimée) ».
Depuis les années 1990, des violations de droits humains commises sur des territoires revendiqués ou effectivement contrôlés par des États étrangers ou des autorités sécessionnistes soutenus par des États étrangers sont portées à l’attention de la Cour européenne des droits de l’homme. La Cour a ainsi été invitée à se prononcer sur des violations alléguées de droits humains commises au nord de l’île de Chypre, en Transnistrie, au Nagorno-Karabakh, en Abkhazie, en Ossétie du Sud et plus récemment en Crimée et dans le Donbass. Dans de telles affaires, la Cour est confrontée à une question complexe : comment aborder les régimes juridiques qui s’y appliquent effectivement pour déterminer si les droits humains y sont bien respectés sans pour autant reconnaître la validité de ces régimes mis en place par des autorités illégales ? Dans son récent arrêt concernant l’affaire Ukraine contre Russie (re-Crimée), la Cour adopte un raisonnement dont la portée et la nouveauté méritent d’être commentées.