Enjoy !
Si le Pictet pouvait être résumé en un mot, ce serait probablement celui-là. Néanmoins, il est vrai aussi que l’édition Pictet 2020 ne se résume pas seulement à la semaine passée dans un cadre paradisiaque en Indonésie. En effet, le concours nous a demandé beaucoup de préparation et quelques déplacements à cet effet. S’il nous fallait mettre des chiffres sur notre préparation pour la résumer, nous dirions sans doute : 1 dossier de candidature ayant demandé des heures de recherches, d’écriture, de corrections, et de réécritures, parfois jusqu’aux petites heures (les lacunes du droit international humanitaire et Sun Tzu n’ont plus de secret pour nous) ; 12 exercices de simulations de parfois 3 heures ; 1 examen final ; 1 journée à Liège afin de nous tester contre l’équipe de l’Université de Liège ; 5 intervenants extérieurs qui ont pris de leur temps pour nous préparer (un grand merci à eux) ; 1 journée de simulation au siège de la Croix-Rouge à Bruxelles, mais aussi des heures incalculables de recherches, d’écriture de fiches (plus de 1000 pages au total), d’innombrables questions et la perte de quelques heures de sommeil.
Après cette préparation intensive rendue possible grâce à l’ULB, nous avons enfin décollé le jeudi 20 mars direction Denpasar (Bali, Indonésie) avec comme bagages notre préparation et nos kilos de fiches, codes et matériels en tout genre (déguisements inclus).
Certains pourraient croire que nous avons vécu une semaine de vacances à Bali. Et, bien que le temps passé autour de la piscine plaide en notre défaveur, nous avons surtout vécu une semaine de conflits intenses dans la Baramine. Entre conflits ethniques, attentats terroristes, trafics de minerais précieux et attaques de drones, nous avons été plongés dans l’univers Pictet.
Ce concours de droit international humanitaire n’est pas un concours classique. Nous n’étions pas là pour faire une plaidoirie que nous aurions préparée des semaines à l’avance, sur base d’un cas pratique connu depuis des mois et sur le thème précis de la restitution des biens acquis en période coloniale. Ce genre de concours-là, sans aucun doute très intéressant et passionnant, est à des années lumières du Pictet. Non, le Pictet est un concours basé avant tout sur le jeu de rôle, l’improvisation, la connaissance du droit international humanitaire et, surtout, les relations humaines.
Pendant une semaine, les organisateurs du concours nous ont concocté un conflit avec de nombreuses ramifications qui, étrangement, correspondaient toutes à des points contentieux en droit humanitaire, comme s’ils voulaient tester nos connaissances dans cette matière. Deux fois par jour, nous prenions une casquette différente et devenions des acteurs à part entière de ce conflit. Lundi, nous étions des porte-paroles d’un ministère de l’intérieur qui avait ouvert le feu sur des émeutiers. Mardi, nous étions chefs d’un département onusien. Mercredi, nous avons été pris en otage. Jeudi, nous avons été des représentants du groupe terroriste. Et enfin vendredi, nous avons négocié un traité sur l’utilisation de drones autonomes dans la région.
Vous l’aurez compris, sans avoir quitté l’hôtel une seule fois, le Pictet nous a fait voyager. Nos connaissances en droit, en relations internationales et en histoire ont été testées de bout en bout. En effet, durant cette semaine, nous avons eu 1 simulation blanche, 7 simulations qualificatives, 1 demi-finale, et autant de rôles joués (9 au total), 535 minutes de temps de préparation avant les simulations, 500 minutes de simulations (dont 240 de prise d’otages- oui oui vous avez bien lu), une quarantaine d’équipes participantes réparties en 2 groupes (francophone et anglophone), quelques tuteurs, petit-bras et membres du Jury et bien évidemment de nombreux fou-rires et de longues minutes passées autour de la piscine de l’hôtel (avec quelques coups de soleil et insolations en prime), QG officiel de notre Pictet.
Mais dans ce concours, ce qui est important, ce n’est pas le concours lui-même, c’est ce qui est autour.Ce qui est important, c’est ce qu’on y a appris : la ponctualité, la prise de parole en public, la gestion du stress et le travail en équipe.
Chaque rendez-vous était fixé à une heure précise, ratez-là et vous n’aurez pas votre cas pratique. Le « Pictet Time » est devenu un cri de ralliement nous rappelant que le temps est précieux et que tout retard, même minime, risque de mettre en péril une organisation bien huilée.
Avant le concours et la préparation à celui-ci, nous ne nous connaissions pas. Nous avions tous les trois des parcours et des caractères différents : un juriste baratineur, une politologue très organisée et un politologue allant au fond des choses. Et si les quelques semaines de préparation avant le concours nous ont permis de commencer à travailler ensemble, c’est la pression du concours qui a réussi à faire naître l’harmonie de notre équipe. En arrivant à chaque épreuve, nous avions un plan complet et précis, ainsi que de nombreux exemples concrets pour appuyer notre position. Et surtout, nous étions prêts à contrer les tentatives de déstabilisation du jury, y compris les plus farfelues (une prêtresse de la Lune a le droit de porter la barbe, quoi qu’on en dise). Bien sûr, nous avons eu quelques moments tendus, où notre relation n’était plus aussi harmonieuse, mais nous avons su, à chaque fois, surmonter ces difficultés.
Ce qui est important, ce sont ceux que nous y avons rencontrés : d’autres étudiants du monde entier, de Montréal à Sidney, en passant par Abidjan, tout aussi passionnés par ce domaine que nous ne l’étions, des tuteurs tellement bienveillants qu’ils sont devenus des amis, un jury d’experts si accessibles qu’on en oubliait parfois qu’ils étaient là pour nous juger, et enfin des organisateurs tellement aux petits soins qu’on en oubliait presque qu’on était à plus de 12 000 km de chez nous.
Ainsi, nous terminerons ce bref compte-rendu par un petit message. Toi, étudiant.e. qui découvre l’existence de ce concours, n’hésite pas et tente ta chance ! Tu ne le regretteras pas !