Okkupert (Occupied, en anglais ou Envahis, dans la version française reprise au Canada) est une série norvégienne diffusée sur Netflix. Bénéficiant d’une production ambitieuse, elle a été acquise par des chaînes situées dans divers pays, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, ou encore la France (Arte). Occupied touche donc un public relativement large pour une série européenne. Or, le droit international y occupe une place substantielle, comme pouvait le laisser présager son titre, qui renvoie à une notion juridique bien connue, comme son scénario, très axé sur la géopolitique. Dans un avenir proche, Jesper Berg, écologiste convaincu, est nommé premier ministre du Royaume de Norvège. Une de ses premières mesures est de supprimer la production des énergies fossiles au profit d’énergies renouvelables. Cette décision heurte cependant de plein fouet les intérêts des Etats européens, traditionnellement approvisionnés en pétrole norvégien. Ceux-ci s’allient dès lors à la Russie pour amener Jesper Berg à modifier sa position, en le soumettant à une pression intense dont on découvrira les modalités plus bas. Comme on le constatera, ce dernier accepte finalement que des troupes russes pénètrent en territoire norvégien pour superviser le redémarrage de la production pétrolière. Les spectatrices et spectateurs en viennent alors à se demander s’il n’est pas question d’une véritable occupation de ce pays, d’autant que des ressortissants russes s’y installent, certains infiltrant plusieurs rouages de l’Etat. Continuer la lecture
Archives de catégorie : « Culture-pop » et droit international
Le projet ‘droit international et culture-pop’ obtient le prix du FNRS Wernaers 2018 !
Le Centre de droit international a été récompensé par le prix du FNRS Wernaers 2018. Ce prix est octroyé à des personnes ou à des équipes qui ont fait preuve de créativité, d’innovation et de pertinence dans la communication de leurs connaissances aux étudiant.e.s ainsi qu’au grand public plus généralement. Le prix a été décerné au projet mené au sein du Centre pour évoquer et réfléchir le droit international à travers sa représentation dans la culture populaire.
Peut-on dire n’importe quoi ?
Le 22 février 2017, l’ULB organisait sur le campus du Solbosch une après-midi de rencontre avec des élèves de dernière année du secondaire. A cette occasion, et comme l’année dernière (https://cdi.ulb.ac.be/un-droit-dans-la-guerre-saynete-du-19-fevrier-2016/), plusieurs membres du Centre ont participé à une activité reprenant le concept du Tribunal étudiant pour le règlement des différends internationaux (TERDI). L’atelier se composait d’un président, de deux avocats plaideurs, et des étudiant(e)s de secondaire, dans le rôle de jurés. Il s’agissait de présenter deux plaidoiries exposant des vues radicalement opposées sur la thématique de la liberté d’expression, et de placer les élèves dans la position de juge, devant rendre un verdict en faveur de l’une ou l’autre thèse. Le point de départ de l’argumentation consistait en un extrait du film Lenny, réalisé par Bob Fosse en 1974, relatant la vie du comique américain Lenny Bruce, notamment ses déboires judiciaires pour atteinte aux bonnes mœurs. Le débat a été introduit par Laurent Weyers et les plaidoiries ont été réalisées par Anne Lagerwall et François Dubuisson. Bien entendu, il s’agissait d’un jeu de rôle, les idées défendues lors de cet exercice de style ne reflétant pas nécessairement les opinions juridiques des intervenants. Ci-dessous, vous trouverez la vidéo de l’événement, et le texte écrit de l’introduction et des plaidoiries.
Solo. Une nouvelle aventure de James Bond (William Boyd, 2013) : « il y avait là en jeu plus que le désir de préserver les règles du droit international » – Une analyse d’Olivier Corten
Comme cette réflexion que se fait Bond —James Bond— le suggère, le droit international occupe une place, mais une place toute relative, dans ses aventures. Il en est particulièrement ainsi de « Solo », que l’on doit à la plume de l’écrivain britannique William Boyd. Auteur de romans à succès et en même temps célébrés par la critique (comme on le constatera en visionnant l’extrait reproduit ci-dessous d’une émission « apostrophes » diffusée en 1985, Bernard Pivot s’était ainsi publiquement engagé à rembourser tout lecteur qui serait déçu par l’un de ses romans), Boyd est né à Accra et a publié plusieurs récits qui se déroulent en Afrique (Un Anglais sous les tropiques, 1981 ; Comme neige au soleil, 1982 ; Brazzaville plage, 1990, …) ainsi que, plus tardivement, un certain nombre de thrillers d’espionnage (La Vie aux aguets, 2006 ; Orages ordinaires, 2009 ; L’Attente de l’aube, 2012). Continuer la lecture
Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008) : mémoire, droit et responsabilité. Analyses de François Dubuisson et Ninon Grangé
En juin 2016, a eu lieu une séance de ciné-club organisée par le Centre de droit international ainsi que par Sciences Po Paris, dans le cadre d’un cycle « guerre et cinéma ». Le concept consiste à prolonger la projection d’un film par des analyses croisées, se plaçant dans des perspectives différentes, juridiques, politologiques ou philosophiques. Le film Valse avec Bachir a fait l’objet d’analyses proposées par François Dubuisson (ULB) et Ninon Grangé (Paris 8), que vous retrouverez ci-dessous. Continuer la lecture
The Martian (Ridley Scott, 2015) : Can The Protagonist Be Qualified As A Space Pirate? – A review by Klaas Willaert
The Martian is a 2015 American science-fiction film directed by Ridley Scott, based on Andy Weir’s novel of the same name. Matt Damon stars as astronaut Mark Watney, who is mistakenly presumed dead and left behind on Mars. The film depicts his struggle to survive and the efforts of others to rescue him. While figuring out a solution, Mark Watney resides in a NASA-built ‘Hab’, where he uses his scientific and botanical expertise to make water and grow his own potatoes on Mars. Running low on food and left without any options after an accident in the Hab, Mark Watney eventually decides to undertake a desperate attempt to return to earth: he plans on driving a NASA rover to another part of Mars to take control of the Ares IV, a NASA lander that was sent to Mars in preparation for another mission. Continuer la lecture
Kill for peace ! (The Fugs, 1966) : la guerre, c’est la paix ? — Une analyse d’Olivier Corten
J’ai assisté il y a peu à une curieuse conversation, lors d’un très sérieux séminaire consacré à la légitime défense contre les groupes non-étatiques. Une professeure insistait sur la nécessité d’interpréter strictement les exceptions à l’interdiction du recours à la force, règle impérative du droit international basée sur son objectif ultime, le maintien de la paix. Argument classique s’il en est, fondé notamment sur les premiers mots du préambule de la Charte des Nations Unies (« nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ») et sur l’histoire de son élaboration. Un autre participant au séminaire a pris alors la parole en retournant la perspective : parfois, pour mieux préserver la paix, il faut faire la guerre ! Il n’y a donc aucune raison de privilégier une interprétation restrictive des exceptions à l’interdiction du recours à la force, le respect de la règle pouvant paradoxalement impliquer son apparente violation. Continuer la lecture
The Dictator (Larry Charles, 2012). Que veut dire le mot « démocratie » ? – Une analyse de Nabil Hajjami
The Dictator est une comédie réalisée par Larry Charles, sortie sur les écrans en 2012. Le film se veut ouvertement corrosif, burlesque – parfois même franchement graveleux – et satirique. Le ton est donné dès les premières secondes du film, lorsqu’on annonce au spectateur stupéfait que l’œuvre a été réalisée « In Loving Memory of Kim Jong-Il » avec, en gros plan, une image à la gloire du dictateur nord-coréen, disparu le 17 décembre 2011. Continuer la lecture
Ciné-club Guerre et Cinéma : « Battle for Haditah »
Le lundi 12 décembre à 18h aura lieu une nouvelle séance du ciné-club « Guerre et cinéma », organisé conjointement par le Centre de droit international de l’ULB et Sciences Po Paris et qui a lieu alternativement à Bruxelles et à Paris. L’objectif est de croiser les regards de juristes et de politologues sur certaines productions cinématographiques mettant en scène le rôle et les limites du droit en temps de conflit armé. Après Good Kill (Andrew Niccol, 2014), qui traitait de l’usage des drones, et Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008), qui illustrait la guerre du Liban du point de vue israélien, le ciné-club enchaînera avec le film Battle for Haditah (Nick Broomfield, 2007), consacré à la guerre en Irak. Tourné de manière particulièrement réaliste – au point que certains le comparent à un documentaire – le film illustre les difficultés de respecter les règles du droit des conflits armés en cas d’occupation, spécialement le principe de distinction entre civils et combattants. Evitant le manichéisme et les simplifications, il adopte successivement les points de vue des différents protagonistes de la guerre : les soldats de l’armée des Etats-Unis constamment sur le qui-vive, d’anciens soldats bassistes reconvertis en résistants à l’occupation, les familles de civils qui tentent de survivre dans un milieu hostile.
Martyna Falkowska (Centre de droit international, ULB), Ninon Grangé (Sciences Po Paris) et Adrien Estève (Sciences Po Paris) nous exposeront brièvement leurs commentaires avant un débat. La séance se tiendra dans l’auditoire AW1.126 (bâtiment A). Elle débutera à 18h et durera 2h30 au maximum, visionnage du film compris. L’entrée est libre.
Gun Factory (Point Zero/Jean-Michel d’Hoop, 2016) : le commerce des armes, quelle place pour le droit ? — Une analyse d’Olivier Corten
Chaque minute, une arme tue ; 800 millions d’armes en circulation dans le monde ; 1.566.845.000.000 € (1 billiard, 566 milliards, 845 millions €) de dépenses militaires mondiales en 2015 ; 286.602.000.000 (286 milliards, 602 millions €) de dépenses militaires pour l’Europe ; 15.340.000.000 € (15 milliards, 340 millions €) d’exportation d’armes en 2014 pour l’Europe (Russie, Turquie comprises), soit 54,2% du montant total des exportations mondiales ; 28.308.000.000 (28 milliards, 308 millions €) d’importations d’armes en 2014 dans le monde ; 80% des armes proviennent des 5 membres permanents du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne ; la France occupe la première place d’exportateur européen d’armements, avec un montant total de licences d’exportation octroyées en 2014 s’élevant à 73.297.261.874 € ; la Belgique occupe la deuxième place avec 4.512.864.349 € ; 32,1% du montant total des licences d’exportation octroyées par les pays membres de l’Union européenne concerne des armes vendues au Moyen Orient, … Continuer la lecture