Pictet time !

Si en courant pour monter dans notre TGV ce samedi 30 mars, nous avions su à quel point la ponctualité était primordiale dans l’organisation de la semaine qui nous attendait, peut-être aurions-nous reconsidéré notre participation (ou été plus prévoyantes) … Certes, notre trajet de Bruxelles à Obernai nous rappelait déjà judicieusement l’importance de la ponctualité, mais surtout –  et nous ne le savions pas encore à ce moment-là    il nous offrait un bel avant-goût de ce que nous nous apprêtions à vivre : un départ sur les chapeaux de roue, quelques aléas en route et une joie d’être arrivées à destination, de découvrir un autre monde.

Pictet time !
L’un des premiers points sur lesquels les organisateurs du Concours ont insisté fût celui de la ponctualité. Grâce à l’importance quasi-obsessionnelle qui lui a été accordée tout au long de la semaine, la ponctualité est devenue le mot d’ordre du Concours, nous faisant réaliser et apprécier la valeur de chaque minute, et ce, encore aujourd’hui.

Dès le samedi soir, le décor était planté : les organisateurs du Concours (membres du Comité, jury, tuteurs, « petits bras », membres de la cuisine) se sont immédiatement montrés rassurants et chaleureux, face aux 144 âmes quelque peu fébriles et incrédules « d’y être ! ». La première soirée représente bien ce que le reste de la semaine nous a réservé. Chaque équipe avait apporté des spécialités de son pays pour les faire déguster aux autres. Non seulement cela nous a réjouies de découvrir ces mets variés mais surtout, nous étions ravies d’apprendre à connaitre les autres participant.e.s, leur culture, leur parcours académique. La soirée a naturellement fini sur la piste de danse, où, il faut l’avouer, les meilleurs pas de danse sont à attribuer aux membres du jury eux-mêmes…

Cela n’a toutefois empêché personne de se rendre au briefing du dimanche matin, programmé à 9 heures tapantes (Pictet time oblige), lors duquel l’un des organisateurs a mis un point d’honneur à nous présenter le déroulement de la semaine. La devise du Concours, qui était « concourir, rencontrer, apprendre », n’aurait pas pu être mieux choisie. Nous avons appris et rencontré en concourant, nous avons appris en rencontrant ! Bref, nous avons passé une semaine à absorber un maximum de savoirs, d’anecdotes, à tisser des liens… Et comme une éponge qui se gonfle de tout ce qu’elle absorbe, nous en sommes ressorties grandies. 

Nous avons tou.te.s rapidement été plongé.e.s dans la compétition et y avons pris goût. Nous recevions le cas pratique général à 8 heures précises tous les matins (et à 14 heures l’après-midi) et devions nous rendre auprès de nos petits bras à l’heure indiquée sur le document.  Tout était bien rôdé, réglé comme une montre suisse ! En revanche, on ne peut pas vraiment dire la même chose de nos préparations aux simulations. Nous avions parfois vingt minutes pour retourner dans notre « chambre-QG » (que nous avions pris soin de re-décorer avec une superbe carte de la région du Payenha et « quelques » post-it), comprendre notre rôle (« Alors, Donald Zemmour, est-il pour ou contre le rapatriement de femmes terroristes ? »), nous habiller en conséquence et, éventuellement, rédiger quelques notes que nous oubliions une fois sur deux. Toutefois, ce genre de stress nous a plus souvent stimulées que freinées. Il y en avait toujours une de l’équipe pour recadrer la discussion en cas de nécessité, une autre pour rappeler des détails importants et, de manière générale, nos différences de perceptions et de formations ont renforcé notre complémentarité au fur et à mesure des épreuves. Surtout, nos debriefings quotidiens avec notre – très patient – tuteur nous permettaient de nous évaluer et de réfléchir à une façon de s’améliorer pour les prochaines épreuves. 

Au fil de la semaine, nous avons eu l’occasion d’endosser des rôles très divers tels que l’OLA (Office of Legal Affairs des Nations Unies), des conseillères juridiques du Ministère de l’Intérieur du Payenha, des membres d’ONG, des déléguées du CICR, des représentantes de Donald Zemmour, ou encore le ministère de la défense du Cethun, … Avec pour chaque rôle, un point de vue à défendre, une thèse à soutenir. Il faut avouer qu’il a été plus facile pour nous d’expliquer à une chef militaire comment elle pouvait respecter le droit international humanitaire que d’affronter onze autres équipes en s’opposant au rapatriement de femmes et enfants détenus dans un État voisin. Les formats des épreuves variaient également : un matin, nous débattions avec deux autres équipes devant un jury actif ou nous nous promenions dans les bois à la recherche d’Øbibits, conseillant au passage au responsable d’un centre de détention de donner à boire à ses prisonniers, et l’après-midi, nous menions une réunion avec des diplomates devant un jury « plante verte » ou nous débattions sur la question des conflits en mer avec des groupes militaires. 

Le Concours Pictet ne peut toutefois se résumer aux épreuves, aussi stressantes, enrichissantes, voire même parfois drôles, eussent-elles été pour nous. Le Concours Pictet fut pour nous avant tout une aventure humaine. Nous avons d’abord appris à mieux nous connaître. Après cinq mois passés à travailler et nous préparer ensemble, nous avons vécu côtes à côtes dans ce petit village de vacances pendant une semaine, partageant non seulement les épreuves mais aussi nos repas, nos temps de pause, nos angoisses et nos joies. Nous étions arrivées en équipe, nous sommes revenues amies. À côté de celle dont nous faisions preuve lors des simulations, nous avons vite remarqué notre complémentarité dans la vie : lorsqu’une de nous se sentait un peu dépassée, les deux autres, aidées par notre tuteur, tentaient de lui remonter le moral. En plus de cela, nous avons rencontré des personnes formidables, participants comme organisateurs ; nous avons pu compter tout au long du Concours sur notre tuteur, Léo, qui a été plus que patient face à notre criticisme et dont les remarques constructives nous ont amenées – à notre plus grande joie – en demi-finale. 

Cela fait un mois que le Concours s’est clôturé sur une finale extraordinaire, dans laquelle les participants ont été plus que brillants, et pourtant, les repas où l’on ne mangeait jamais deux fois en face des mêmes personnes, les sprints, casus en main, vers notre QG, nos remises en questions, nos échanges, les discussions passionnées pendant et en-dehors des simulations, les soirées (souvent arrosées) et les visages de toutes les personnes que nous avons eu l’honneur de rencontrer restent intacts. Le Concours Pictet nous a offert l’une des plus belles opportunités de notre vie en nous servant de motivation pour sans cesse apprendre sur le droit international humanitaire, pour en connaitre l’évolution mais aussi les lacunes. Il représente également l’une des plus belles portes d’entrée dans la vie professionnelle en nous forgeant une expérience pratique que nous n’aurions pu acquérir ailleurs ou autrement. Enfin, il nous a donné le goût de l’effort, car, il faut l’admettre, la préparation au Concours nous a pris beaucoup de temps et d’énergie, à notre coach et nous. Nous pouvons toutefois affirmer qu’au vu de ce qu’il nous a apporté sur le plan intellectuel et humain, cela en valait définitivement la peine !

Louise Pigeolet, Émilie Brousmiche et Sofia Haesevelde

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