Nous tenions premièrement à remercier vivement l’Université Libre de Bruxelles de nous avoir donné l’opportunité de participer au Concours Jean Pictet, du nom, rappelons-le, de ce célèbre juriste qui œuvra toute sa vie à humaniser les conflits armés en y introduisant des contraintes juridiques. La 27ème édition de ce Concours international de droit humanitaire s’est déroulée cette année aux Etats-Unis, à Charlottesville (Virginie), où 56 équipes représentant plus de 30 pays à travers le monde ont eu l’occasion de concourir dans un esprit de compétition amicale (le fameux « esprit Pictet »), sous le regard attentif d’un jury composé lui aussi de membres aux nationalités et professions aussi diverses que variées, et avec le soutien de nombreux tuteurs, et autres « petits-bras », tous volontaires.
Le temps d’une semaine, et par équipe de trois, des étudiants venus de nombreuses universités de tous les continents se sont ainsi rencontrés et ont tenté de faire sortir le droit des livres à travers la reproduction de situations concrètes de conflit armé sous forme de simulations, à l’occasion desquelles les participants étaient appelés à véritablement jouer le rôle des différents acteurs de la guerre et du droit international humanitaire. Le Concours a commencé en douceur avec une épreuve préparatoire le dimanche après-midi, suite à un dîner de gala d’accueil le samedi soir, pendant lequel tous les participants étaient invités à partager avec les autres une spécialité de leur pays d’origine (le Péquet a certainement gagné ce soir-là une foule de nouveaux adeptes à travers le monde). Une fois cette mise en jambe terminée, il fut temps de passer aux choses sérieuses : dès le lundi matin, simulations et jeux de rôles s’accélérèrent et ne se ressemblèrent pas. Nous avons ainsi enfilé tour à tour nos costumes officiels pour représenter tantôt l’UNICEF dans une situation de crise humanitaire, le ministère de la défense lors d’une réunion avec notre premier ministre, ou des avocats de personnes civiles victimes d’une épidémie causée par les casques bleus de l’ONU, tantôt nos habits de représentants du CICR afin de rappeler les règles de base du droit international humanitaire à des chefs rebelles, ou encore nos plus beaux uniformes militaires pour justifier auprès de la presse certaines opérations potentiellement problématiques de nos forces armées.
Chaque simulation nous a donc permis d’aborder le droit d’une manière particulière propre à chaque fois à un acteur spécifique, et à l’utiliser d’une manière très concrète et pratique. Ce fut aussi pour nous une façon d’être confrontés et sensibilisés, dans une certaine mesure, aux réalités de ce que peuvent être les situations de conflits armés, toutes les simulations s’ancrant par ailleurs dans un grand conflit fictif opposant entre eux de nombreux Etats, groupes rebelles ou forces des Nations Unies.
Le Concours, s’il nous a tout d’abord permis d’aborder le droit humanitaire d’une manière très tangible et d’approfondir nos connaissances dans ce domaine, fut aussi une expérience humainement incroyablement enrichissante. Nous y avons rencontré des dizaines de personnes aux expériences toutes différentes et intéressantes, qu’il s’agisse de membres du jury ayant vécu et travaillé dans des pays en guerre pour y faire respecter au maximum le droit de la guerre et diminuer tant que possible les souffrances des civils et combattants, ou d’autres étudiants au bagage culturel et aux idées différents des nôtres. Ce fut donc une occasion de partage et d’ouverture sur le monde exceptionnelle, et nous sommes heureux d’aujourd’hui faire partie de cette grande famille que sont les « pictéistes », grand réseau d’amis disséminés à travers le monde et unis au moins par la même envie d’humaniser la guerre et d’apporter tous ensemble notre pierre à l’édifice du droit international humanitaire. Le Concours se veut finalement un lieu de partage et de solidarité bien plus que de compétition ou de concurrence, et l’expérience est donc aussi intéressante sur le plan humain que sur le plan intellectuel.
Deux mois et demi après être rentrés, le souvenir du Concours est encore fort présent, et le sentiment d’avoir vécu une expérience exceptionnelle et enrichissante à tous les points de vue ne nous quittera sans doute jamais. Nous avons réellement l’impression d’avoir pris conscience, tout en approfondissant nos connaissances juridiques, de certaines réalités de notre monde, et des moyens d’agir pour faire en sorte que, en toute situation, il y ait toujours un minimum d’humanité. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons que conseiller vivement à tous les étudiants passionnés de droit international humanitaire et désireux de vivre une semaine hors du commun et riche à tous les niveaux de participer au Concours Jean Pictet.
Charlotte Claes
Philippe Fabri
Camille Roumagnou