Roman publié en 2008 aux éditions de Fallois, La dernière Conférence obtint la même année le Grand Prix du Roman de l’Académie française. Son auteur, Marc Bressant (né Patrick Imhaus, en 1938), est à la fois romancier, diplomate et homme de télévision. Il n’est pas rare que des hommes de plume aient épousé la Carrière, et vice versa (Chateaubriand, Joseph de Maistre, Paul Claudel, Albert Cohen, Romain Gary, Jean-Christophe Ruffin, pour n’en citer que quelques-uns dans la littérature francophone). Il est dès lors toujours très réjouissant d’observer comment les subtilités diplomatiques peuvent être transposées au fil des pages. Précisément, à quoi tiendrait donc cet aspect « réjouissant », tant on sait que, s’agissant de la diplomatie en général, et des organisations internationales en particulier, les montagnes accouchent la plupart du temps de souris. On ne peut qu’afficher un sourire narquois à la description qu’en faisait déjà, dans un Bulletin du CICR d’avril 1986, Alain Modoux (un ancien haut fonctionnaire international) :
« Pour l’observateur extérieur, les conférences internationales se suivent et se ressemblent : les résultats visibles et tangibles sont rares, les mots disent tout, voire trop, mais ils ne résolvent pas grand-chose. Les arènes du verbe que sont devenues les conférences sont de plus en plus perçues, par le public, comme le lieu privilégié d’affrontements oratoires stériles, où les belles promesses restent sans lendemain ».
A cet égard, La dernière Conférence illustre à merveille comment les caucus internationaux, s’ils ambitionnent initialement de produire des textes faisant date, sont souvent davantage des microcosmes où l’on cocktaile, séduit et déambule, en professant de grandes idées tout en vaquant à ses petites ambitions. L’ouvrage révèle, parfois avec légèreté, parfois sur un ton plus désabusé, qu’in fine, les déclarations et autres actes institutionnels deviennent solubles dans les coupes de champagne, et que les fioritures diplomatiques finissent par prendre le pas sur les ordres du jour politiques et juridiques. En fait, au fil des pages, on en vient à se demander quelles sont les avancées concrètes qui peuvent découler d’un tel barnum international.

Il y a un peu plus d’un siècle paraissait un article de Eugène Audinet, intitulé « Les traces du droit international dans l’Iliade et dans l’Odyssée » (R. G. D. I. P., 1914, pp. 29-63). Depuis, et en dépit du développement d’un courant Law and Literature (« Droit et littérature ») depuis les années 1970, on ne relève que très peu de réflexions sur les relations entre le droit international et les fictions littéraires. La présente rubrique a pour vocation à combler cette lacune, en proposant de brefs commentaires d’œuvres qui sont généralement diffusées auprès d’un large public. Dans bon nombre de cas, ces œuvres véhiculent certaines représentations particulières du droit international qui, comme pour le cinéma ou d’autres médias, sont loin d’être neutres sur un plan idéologique.
Comme cette réflexion que se fait Bond —James Bond— le suggère, le droit international occupe une place, mais une place toute relative, dans ses aventures. Il en est particulièrement ainsi de « Solo », que l’on doit à la plume de l’écrivain britannique William Boyd. Auteur de romans à succès et en même temps célébrés par la critique (comme on le constatera en visionnant l’extrait reproduit ci-dessous d’une émission « apostrophes » diffusée en 1985, Bernard Pivot s’était ainsi publiquement engagé à rembourser tout lecteur qui serait déçu par l’un de ses romans), Boyd est né à Accra et a publié plusieurs récits qui se déroulent en Afrique (Un Anglais sous les tropiques, 1981 ; Comme neige au soleil, 1982 ; Brazzaville plage, 1990, …) ainsi que, plus tardivement, un certain nombre de thrillers d’espionnage (La Vie aux aguets, 2006 ; Orages ordinaires, 2009 ; L’Attente de l’aube, 2012).
When Issa, a young Chechen, clandestinely disembarks in Hamburg on a boat coming from Sweden, he is a troubled man. On the verge of madness, he has been jailed and tortured in both Russia and Turkey where he has been convicted of terrorism for reasons unknown to the reader. Not surprisingly given that background, Issa isn’t exactly the trusting type. And, when at some point, he contacts a lawyer, Annabel Richter, he does so with one precise – albeit obscure – goal, to serve as an intermediary with Tommy Brue, an old-fashioned private banker indebted to his natural father. The reader doesn’t know much of Issa’s convoluted background. But neither do intelligence services for that matters. They nonetheless acquire an interest in him given his past association with terrorism, the fact that he is an “illegal” migrant, and their perception of him as an Islamist radical. Amongst them, is Günther Bachmann, from a special service within German intelligence services.
Né en 1942 dans un camion alors que sa famille fuyait les forces soviétiques alors en campagne dans son pays, Arto Paasilinna est un écrivain finlandais renommé, auteur de plusieurs de dizaines de romans dans lesquels il développe un humour fortement teinté d’absurde qui n’est, par moments, pas sans rappeler celui du romancier britannique Tom Sharpe. La réflexion à la fois désabusée et ironique sur le droit traverse plusieurs de ses œuvres, comme Prisonniers du paradis (1974), La Douce empoisonneuse (1988) ou encore Le Potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison (1998). 
L’intrigue de ce 148ème numéro de SAS se déroule en 2002 et prend comme trame de fond l’intervention militaire des États-Unis en Afghanistan. Le roman nous permet de suivre les aventures de l’inénarrable Malko, dont la mission consiste ici en rien de moins que la capture du principal commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. L’enquête, qu’il mènera au péril de sa vie, le conduira dans diverses régions d’Afghanistan et du Pakistan. Le roman commenté s’avère relativement riche en matériau juridique. Ces allusions au droit sont souvent le fruit des réflexions de Malko, lequel prend le soin, plusieurs fois dans le roman, de rappeler à l’un ou l’autre de ses interlocuteurs les potentielles limites juridiques de leur action.
L’intrigue de ce numéro 171 de la série SAS se déroule à veille de la déclaration d’indépendance du Kosovo, à l’automne-hiver 2007-2008. Par une froide nuit d’automne, les moines du monastère serbe orthodoxe de Vesaki Decani (entre Pec et Prizren) sont sauvagement décapités alors que les bersagliers italiens de la KFOR supposés les protéger vaquaient à des occupations plus … plaisantes. Cette exaction est-elle le fait d’un groupuscule d’extrémistes kosovars ? Ou résulte-telle plutôt d’un complot de Belgrade, bien décidée à enrailler la marche latente mais certaine de la province vers l’indépendance? Notre héros, Malko, est appelé sur place par le bureau de la CIA à Pristina afin de résoudre cette énigme. Dans sa mission, il sera accompagné par Karin Steyr, une fonctionnaire de l’OSCE, qui s’avérera plus tard être un agent du MI6 ; après tout « c’est vrai que, d’habitude, les employés de l’OSCE ne parlaient pas albanais… » (p. 183).
Ce 121ème numéro de la série SAS paraît, vu son titre, spécialement accrocheur. Il l’est à tout le moins pour celui qui, affectionnant tout autant le droit international que les romans d’espionnage, se plaît à examiner comment l’on présente le premier quand on écrit les seconds. L’intrigue se construit sans surprise dans le contexte qui suit l’adoption par le Conseil de sécurité, le 3 avril 1991, de la résolution 687. Quelques années ont passé, l’embargo fait durement souffrir l’Irak, et plus encore les hommes, femmes et enfants qui y vivent. Une lueur d’espoir perce toutefois quand Hussein Kemal, le gendre de Saddam Hussein, fuit l’Irak et se réfugie en Jordanie. Hussein Kemal, qui est en même temps le superviseur des programmes d’armement irakiens, semble en effet tout prêt à collaborer avec l’UNSCOM, la commission chargée en vertu de la résolution 687 de contrôler le démantèlement de l’arsenal irakien. Or, les secrets livrés, l’embargo ne se justifierait plus et il pourrait donc être levé. Seulement voilà, Chirstopher Angleton, le chef de la station de la CIA à Amman, n’y croit pas. Selon lui, la défection d’Hussein Kemal – et la découverte des documents relatifs aux armes secrètes irakiennes qui s’en est suivie – serait seulement une mise en scène. Voici comment il explique la situation au Prince Malko Linge, le célèbre héro de la série SAS, qui vient d’atterrir à Amman et ne connaît donc pas encore tous les contours de sa nouvelle mission.