Alphonse Rivier (1835-1898)

Alphonse Pierre Octave Rivier (Lausanne le 9 novembre 1835 – Bruxelles (Saint-Gilles) le 21 juillet 1898).

La famille était originaire de Saint-Paul Trois Châteaux dans la Drôme et s‘était expatriée en Suisse lors de la Révocation de l’Édit de Nantes.

Après avoir fait des études à Lausanne, à Genève, Berlin et Paris, il conquiert successivement les diplômes de licencié en droit de l’Académie de Lausanne et docteur en droit à l’Université de Berlin ensuite d’une brillante dissertation. En droit des gens, il eut comme maître Heffter. Il exerce ensuite pendant deux ans les fonctions de  privat Docent à Berlin, puis  professeur à Berne de 1864 à 1867 (droit romain, droit civil français et économie politique), et enfin, à partir de 1867, membre du corps professoral de la Faculté de droit  de Bruxelles, comme titulaire du cours de droit romain (succédant à Charles Maynz qui quittait Bruxelles pour enseigner les Pandectes à Liège). Au décès de Arntz en 1884 on lui confie l’enseignement du droit des gens qu’il illustrera jusqu’à son décès en 1898.

Il fut, par ailleurs, doyen de la Faculté de droit en 1872-1873, 1879-1880, 1888-1889 et 1896-1898  et recteur de l’Université en 1874-1875.

Il est élu membre auxiliaire de l’Institut de droit international en 1874 (I.D.I., Annuaire,volume 1, 1877, notice p. 179) et immédiatement nommé l’un des deux premiers secrétaire de l’Institut ; il entre dans la catégorie des membres en 1878. Il remplace Gustave Rolin-Jaequemyns, lorsque ce dernier devient ministre de l’Intérieur en Belgique, comme secrétaire général de l’Institut de 1878 à 1887 ; il sera président de cette compagnie à la session de Lausanne, de 1888 à 1891. Comme secrétaire général il y jouera un rôle immense comme rédacteur des Annuaires.

Il fut directeur et rédacteur en chef de la RDILC de 1878 à 1885 ; ici encore les pages de la Revue fourmillent de ces notices sur les internationalistes décédés ou sur des recensions d’ouvrages.

Ernest Nys écrira quel fut le rôle fondateur de Rivier pour la formation du droit des gens moderne par son rôle crucial tant à l’Institut que par la RDILC.

Il avait été élu Membre associé de l’Académie de Belgique depuis 1873.

Il était, par ailleurs, consul général de la Confédération suisse auprès de la Belgique et de l’État indépendant du Congo, de 1886 à son décès. Il représenta son pays comme plénipotentiaire pour diverses signatures de convention entre la Belgique et la Confédération helvétique . Il siégeait au Conseil supérieur de l’État indépendant du Congo. Le Roi de Belges lui avait demandé de rédiger les instructions diplomatiques de la délégation belge pour la réunion de la Conférence de Berlin en 1884, conférence dont sont issus le 23 février 1885, l’État indépendant du Congo et le nouveau régime de droit des gens appliqué en Afrique.

Par deux fois, il fut choisi comme arbitre international. La première fois par la France et la Grande-Bretagne (affaire des pêcheries de Terre-Neuve (1891). La seconde, mission interrompue par son décès, dans l’affaire des pêcheries de Behring entre l’Angleterre et la Russie (1898);

Esprit fin et cultivé, considéré comme conservateur par ses contemporains, il défendit le rôle du droit, de l’égalité des États grands ou petits, estimant que le droit international s’imposait aux nations parce qu’il est dicté par la conscience juridique commune et s’appuie sur la nécessité et la raison. Comme l’écrivait Nys évoquant sa mémoire : « Rivier affirme en droit des gens l’indépendance des États, il lutte pour la reconnaissance complète de leurs droits. Qu’on ne s’imagine point qu’il s’agisse là de simples querelles d’école, de pures questions académiques. Le problème de la liberté se pose en droit international comme il se pose en droit public. La question est redoutable somme toute ; il s’agit d’empêcher la formation de ces groupements de grandes puissances se préparant à écraser ce que l’on appelle dédaigneusement les « petits États » ; il s’agit d’empêcher dans le domaine de la science la justification de droit de plus fort ; il s’agit de protester, selon les conseils des juristes de la vieille Irlande, contre l’injustice, de peur qu’elle ne puisse invoquer la prescription et affirmer la légitimité du fait accompli. » (RDILC, 1898, vol. XXX, p. 392).


Bibliographie d’Alphonse Rivier

Sources:

Bonnes gravures:

  • I.D.I., Annuaire, t. 8, 1885-1886.