Après une plongée dans l’histoire du droit international autour du centenaire de l’attribution du prix Nobel de la paix à Henri La Fontaine, et sur une idée née à la suite d’une rencontre avec le Professeur Emmanuelle Tourme-Jouannet à Paris, un séminaire a été organisé par le Centre de droit international avec comme objectif l’exploration des soubassements méthodologiques des intersections entre histoire et droit international.
Cette journée d’étude et de discussions s’est également placée dans le prolongement du rapprochement opéré entre le Centre de droit international et l’Unité de recherche Mondes modernes et contemporains de l’Université Libre de Bruxelles. Elle s’est articulée autour de trois ateliers thématiques animés par Agatha Verdebout, Thomas Graditzky et Alexandre Faudon, doctorants au Centre de droit international.
Le premier de ces ateliers s’est concentré sur les grands mouvements de l’historiographie. L’exposé initial a permis de mettre en avant quatre grands moments sur une ligne du temps dont le début a été placé au XIXème siècle : l’histoire comme récit (XIXème siècle), l’histoire comme science (fin du XIXème siècle), l’histoire comme science sociale (début du XXème siècle) et le tournant langagier et critique (années 1970-1980). Quelques mouvements ont ensuite été passés à la loupe : la socio-histoire, le tournant linguistique/langagier, l’histoire culturelle, l’histoire intellectuelle, la micro-histoire et l’histoire du temps présent.
Le second atelier s’est penché sur les intersections entre histoire et droit international. Après une introduction sur l’évolution historique de l’histoire du droit international comme discipline, les participants ont eu l’occasion de discuter abondamment, avec exemples à l’appui, les différences à établir entre « histoire du droit international », « histoire dans le droit international » et « droit international dans l’histoire ».
Quant au troisième et dernier atelier, il a permis, dans un premier temps, d’aborder la question de savoir ce qu’est la critique associant histoire et droit international, puis, dans un second temps, d’étudier certaines approches critiques influencées par l’histoire intellectuelle (structuralisme, contextualisme et textualisme).
On retiendra notamment de l’ensemble de cette journée, que si l’histoire et le droit international viennent de deux horizons différents, ces disciplines n’en sont pas moins ancrées dans un environnement similaire, qui les voit évoluer en parallèle et croiser leurs chemins. Ainsi, par exemple, le tournant langagier, qui a marqué le champ historique à partir des années 1970, a aussi durablement influencé l’approche critique du droit international ces dernières décennies. Par ailleurs, si les historiens s’intéressent désormais au droit international en tant qu’objet d’étude, les juristes internationalistes n’ont, d’une part, cessé de se tourner vers l’histoire à des fins instrumentales dans leur pratique quotidienne et ont, d’autre part, commencé à s’y intéresser plus récemment de façon plus réflexive, en tant que technique de critique de leur discipline.
Ces quelques éléments ne constituent, on s’en doute, qu’un résumé trop rapide des échanges fructueux qui ont eu lieu entre les participants ce jour-là et qui, ont l’espère, auront l’occasion de pouvoir se poursuivre dans le cadre d’autres événements.