Depuis sa première saison, la série Homeland (5 saisons, 2010-2015) s’est toujours étroitement ancrée dans l’actualité internationale, en particulier dans le contexte de la « guerre contre le terrorisme » menée par les Etats-Unis et ses alliés. Les deux premières saisons abordaient le conflit en Afghanistan, la troisième évoquait les relations avec l’Iran, tandis que le quatrième volet se déroulait au Pakistan et soulevait la question de l’utilisation des drones. La cinquième saison, diffusée à la fin de l’année 2015, prend cette fois pour cadre l’avènement de l’Etat islamique, la guerre civile en Syrie et les activités de cellules djihadistes installées en Europe. L’un des volets de la complexe intrigue développée au cours des 12 épisodes de « Homeland 5 » se centre sur la question de l’utilisation de la surveillance par les services secrets pour prévenir le terrorisme, et des craintes que cela peut susciter pour la préservation de la vie privée. Cette problématique fait directement écho à l’actualité, avec les révélations faites par Edward Snowden à propos des programmes d’espionnage de la NSA et les critiques formulées à l’encontre des Etats-Unis et certains de ses alliés, concernant le respect du droit à la vie privée et du droit à la liberté d’information (voir Assemblée générale des Nations Unies, « Le droit à la vie privée à l’ère du numérique », A/RES/68/167, 18 décembre 2013). Comme nous le montrerons, « Homeland » défend une vision « sécuritaire » de la surveillance, au prix d’une mise à l’écart des exigences de respect des droits fondamentaux, présentées comme devant s’effacer au profit de la « nécessité » des impératifs de la lutte efficace contre le terrorisme. Cela se marque tout d’abord par la manière très orientée dont est posé le débat relatif à la conciliation entre le respect de la vie privée et la mise en œuvre de moyens de surveillance à des fins de prévention du terrorisme. Cela se traduit ensuite par l’image très négative donnée des journalistes activistes et des lanceurs d’alerte.
Surveillance v. vie privée : un débat faussé
Dans cette saison 5, nous retrouvons Carrie Matheson (Claire Danes), qui a quitté ses fonctions à la CIA et est désormais employée comme responsable de la sécurité pour la Fondation Düring basée à Berlin, dirigée par un milliardaire philanthrope. Elle y compte comme collègues Laura Sutton, une journaliste activiste américaine, et Jonas Hollander, un avocat des droits de l’homme qui est aussi son nouveau compagnon.
Au départ du récit, Numan, un « hacktiviste », pénètre accidentellement sur le serveur du bureau berlinois de la CIA et y prélève 1361 fichiers. Numan transmet alors à Laura Sutton l’un de ces fichiers, qui révèle l’existence d’une étroite collaboration entre le BND (service secret allemand) et la CIA, afin de mener des activités de surveillance sur le territoire allemand, de manière illégale. Laura décide de publier le document et de lancer une campagne médiatique afin de dénoncer la duplicité des autorités allemandes avec les opérations illicites d’espionnage de la CIA. On aura aisément saisi la référence directe aux affaires Edward Snowden et Julian Assange et aux débats qu’elles ont suscités. Les mesures de surveillance des services de renseignement sont-elles légales/légitimes pour lutter contre le terrorisme ? La liberté d’information autorise-t-elle la publication de documents relevant de la sécurité nationale, lorsque ces documents sont de nature à révéler des activités illégales ? Ces questions sont d’emblée posées par la série, à l’occasion d’une scène au cours de laquelle Laura Sutton consulte Carrie Matheson pour obtenir la confirmation de l’authenticité du document qu’elle a reçu, avant de décider de le publier. Tandis que Laura met en avant la violation de la vie privée qu’entraîne l’arrangement conclu entre le BND et la CIA, et l’intérêt de publier cette information, Carrie insiste sur son devoir de réserve et la prise en considération des répercussions pour la préservation de la sécurité qu’aurait une telle publication :
Laura : « C’était un document top-secret. […] L’Allemagne est en train de contourner les lois sur la vie privée en utilisant les Etats-Unis pour surveiller à leur place. » […]
Carrie : « Tu ne peux pas le publier. En tout cas pas avant de discuter des dégâts que tu pourrais engendrer ».
Laura : « Et les dégâts qu’ils font eux ? Les agences de sécurité avec leurs conneries illégales ? ».
A ce stade, le débat paraît posé en termes ouverts, invitant à peser les intérêts respectifs et à trouver un équilibre entre, d’une part, les exigences de sécurité nationale et, d’autre part, le respect du droit à la vie privée et du droit à l’information, comme le fait la Cour européenne des droits de l’homme dans sa jurisprudence (voir infra). Mais très vite « Homeland » va orienter les termes de la discussion, en proposant un choix binaire entre la nécessité de recourir à la surveillance pour prévenir la menace terroriste et la défense des libertés civiles. Cela se marque particulièrement lors d’une scène présentant la rencontre, en urgence, entre les représentants de la CIA et du BND, en vue de discuter sur l’attitude à adopter suite au hacking des fichiers confidentiels et au risque de leur publication.
Saul Berenson (CIA) : « Quelqu’un y a eu accès et a volé des documents secrets. […] Certains de ces documents contiennent les détails de notre relation d’affaire. […] Pas de doute, on s’est plantés. Mais nous devons tous nous rappeler que ce programme était une réponse à un véritable problème. Celui des djihadistes qui sont accueillis en Europe alors que la loi allemande nous empêche d’agir. Ce problème n’est pas résolu. Au contraire, avec les récents événements en Syrie, il s’est intensifié.
Astrid (BND) : « Donc que proposez-vous ? »
Saul Berenson : « Je crois qu’on devrait continuer la surveillance pour votre compte. Continuer d’identifier ces salauds afin de les inculper. […] Les personnes que nous avons identifiées sont une menace pour nos deux pays, mais honnêtement plus pour le vôtre ».
Alors que le chef du BND décide, au vu des risques de révélation, de mettre fin à l’opération, Astrid finit par lâcher : « quels que soient vos plans, ne laissez aucune trace », invitant implicitement la CIA à poursuivre ses opérations de surveillance clandestines, pour autant qu’elle n’y mêle pas les services secrets allemands. Plusieurs choses sont à souligner dans ce dialogue. D’une part, le programme secret de surveillance apparaît comme une réponse indispensable à la menace djihadiste, et permet d’identifier avec précision les terroristes pour les poursuivre. D’autre part, la loi allemande relative à la vie privée est désignée comme constituant un obstacle empêchant toute surveillance de personnes suspectes d’atteintes à la sécurité nationale, ce qui ne laisserait d’autre choix que de recourir à la CIA. Dès lors, pour permettre de lutter efficacement contre le terrorisme, il deviendrait nécessaire d’écarter l’application des lois protectrices des droits fondamentaux.
En vérité, il s’agit là d’une manière tendancieuse de poser les termes de la discussion, qui s’écarte complètement de la réalité juridique. En effet, loin d’interdire la mise en œuvre de mesures de surveillance afin de prévenir les atteintes à la sécurité nationale, la loi allemande « portant restriction du secret de la correspondance, des envois postaux et des télécommunications », dite « loi G 10 », les autorise de manière assez permissive, comme en témoigne deux décisions rendues par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, Klass et autres c/ Allemagne, arrêt du 6 septembre 1978 ; CEDH, Weber & Saravia c/ Allemagne, décision du 29 juin 2006). L’opposition absolue qui est ainsi faite entre surveillance et respect de la vie privée est donc tout à fait trompeuse. Du point de vue juridique, comme l’illustre les deux décisions de la CEDH, la question se résout par une analyse de proportionnalité entre les impératifs de sécurité et de respect de la vie privée, en veillant à ce que les mesures de surveillance soient encadrées par des conditions et des garanties suffisantes. Il n’y a donc nul obstacle dirimant dans la loi allemande – ou les autres lois européennes – à ce que soient menées des mesures d’interception des télécommunications afin de prévenir et réprimer les actes de terrorisme. En présentant la problématique sous la forme d’un diptyque impossible à concilier, « Homeland » conduit le téléspectateur à approuver sans réserve l’adoption de mesures de surveillance telles qu’elles sont pratiquées par les Etats-Unis, sans tenir compte des exigences liées à la vie privée. Et la suite du récit cherche effectivement à entièrement valider le point de vue exprimé par Saul Berenson et à dévaloriser le combat en faveur des droits fondamentaux, en présentant les actions de Laura Sutton comme totalement irresponsables, compte tenu de la menace terroriste constante et de l’efficacité avérée des mesures de surveillance.
Une image négative des activistes des droits de l’homme
La lutte pour le respect de la légalité et de la vie privée menée par Laura Sutton aurait de prime abord, par l’idéalisme qu’il véhicule, présenté tous les atouts pour obtenir les faveurs du public. Pourtant, la série va s’employer à rendre son personnage peu sympathique et en donner l’image de quelqu’un de dogmatique, rigide, jusqu’au-boutiste, incapable de prendre en considération les conséquences pratiques de ses actes pour la sécurité publique ni d’écouter d’autres avis que le sien. Alors qu’elle réfléchit toujours à l’opportunité de publier le document de la CIA, Laura téléphone à Jonas pour le consulter sur la rédaction du texte de présentation. Alors qu’elle propose d’écrire que si « les Allemands ont déclaré dans leur loi […] qu’ils ne doivent pas être surveillés par leur propre police, ils ne voulaient pas dire que la CIA pouvait le faire à sa place », Jonas se contente de répondre que cela ne pose pas de problème « d’un point de vue légal », ajoutant : « On devrait attendre un peu avant de le mettre sur le site. Il n’y a pas de mal à attendre, d’en comprendre les conséquences pour la sécurité nationale. Même Snowden n’a pas tout balancé en ligne ». A ce moment, Jonas est interrompu par l’arrivée d’une camionnette, jetant à terre Carrie, qui a été brièvement enlevée par des sympathisants du Hezbollah. Laura ne recevant plus de réponse au bout du fil, lance : « Je t’emmerde. Je le mets en ligne ». On trouve ainsi opposés le dogmatisme de Laura à la prudence de celui qui est pourtant un avocat des droits de l’homme, lui même brutalement confronté à la réalité de la « menace islamiste ».
Après avoir publié le document et dénoncé, à la télévision, le contournement des lois sur la vie privée par le BND et la CIA, Laura Sutton est arrêtée et interrogée par Astrid.
S’ensuit à nouveau une confrontation irréductible de points de vue entre, d’une part, l’invocation par Laura du principe de la protection de ses sources journalistiques et de la défense de la vie privée et, d’autre part, l’affirmation des impératifs de sécurité par Astrid (« 700 citoyens allemands sont partis en Syrie pour rejoindre l’Etat islamique, ce n’est pas ce qu’ils font là-bas qui nous fait peur, c’est ce qui se passe quand ils reviennent »). De fait, les implications des révélations, telles qu’elles sont décrites par Astrid, sont assez inquiétantes :
« On a fait des arrestations, empêché des attentats, mais maintenant, ceux que nous avions doivent être relâchés. Et ceux que nous recherchions ont disparu. Comment vous sentirez-vous quand les bombes exploseront à Berlin, Paris ou Bruxelles ? C’est ça que vous voulez ? »
Laura a beau rétorquer que des « moyens légaux » existent pour chercher ces personnes, on n’aperçoit difficilement lesquels ils pourraient être (Astrid évoque à cet égard un « manque de ressources ») et, à nouveau, les mesures de surveillance sont présentées comme illégales par principe, obligeant à choisir entre la légalité sans la sécurité ou la sécurité sans la légalité.
Les effets néfastes de l’idéalisme aveugle de Laura ne vont pas tarder à se manifester, puisqu’effectivement une douzaine de « musulmans djihadistes » vont voir leurs condamnations annulées et être relâchés immédiatement. A peine libérés, ils vont s’atteler à la préparation d’un attentat dans la gare de Berlin, après avoir organisé l’exécution télévisée de Peter Quinn, un agent de la CIA et ex-collègue de Carrie Matheson, tombé entre leurs mains par hasard.
Pourtant, Laura Sutton va vouloir faire du cas de l’une des personnes libérées une affaire emblématique contre le gouvernement allemand. Elle sollicite ainsi le témoignage de Faisal Marwan, un commerçant, condamné pour avoir vendu des téléphones portables anonymes à des terroristes, qu’elle convainc d’introduire une action en justice pour obtenir des indemnités. Il s’avère toutefois qu’il a vendu cinq téléphones à un dirigeant djihadiste et qu’en prison, il a entendu parler de projets d’attentats sans en avertir les autorités. Il s’ensuit un débat, parmi les membres de la fondation Düring, quant à l’opportunité d’avertir les services de sécurité allemands pour qu’ils puissent interroger Marwan. Ce dernier est finalement arrêté par le BND, ce qui pousse Laura Sutton à faire une nouvelle intervention télévisée au terme de laquelle elle menace de publier les 1360 documents de la CIA restants, si elle n’est pas autorisée à parler immédiatement à Faisal Marwan, dont elle dénonce la détention illégale. Cet élément de l’intrigue contribue à nouveau à jeter le discrédit sur le personnage de Laura. Dans sa jurisprudence, la Cour européenne des droits de l’homme accepte que des documents relevant de la sécurité nationale puissent être publiés, mais à condition que le journaliste agisse « de bonne foi », sans être motivé « par la volonté de tirer des avantages personnels » ni avoir « d’autre intention que d’informer le public sur une question d’intérêt général » (voir CEDH, affaire Görmüs et autres c. Turquie, arrêt du 19 janvier 2016). L’utilisation de documents confidentiels qu’entend faire Laura Sutton, à des fins de chantage, serait évidemment en contradiction totale avec la déontologie journalistique et les exigences de « bonne foi ».
Entretemps, Faisal Marwan, qui n’a pas supporté une nouvelle incarcération, s’est suicidé et Laura sera à nouveau arrêtée. Elle est contrainte d’accepter un arrangement, afin d’éviter que le hacker qui lui a transmis les documents de la CIA, qui a été identifié, ne soit expulsé vers la Turquie où il pourrait craindre pour sa sûreté. Elle se produit donc une nouvelle fois à la télévision, où elle admet que, sur la base de nouvelles informations, il apparaît que Faisal Marwan était membre de la cellule ayant planifié l’attentat (ce qui n’est pas exact), et qu’elle a proféré de fausses accusations à l’encontre du BND.
Même si la pression mise par Astrid pour obtenir cette prise de position peut apparaître moralement discutable, ce dénouement est plutôt montré comme un compromis raisonnable. Cet épisode achève de miner aux yeux des spectateurs la crédibilité de Laura Sutton, tant en effet on conçoit mal qu’une journaliste activiste accepte un tel renoncement à ses principes, même pour éviter des ennuis à sa source.
Au final, Laura n’apparaît donc pas comme servant de manière convaincante la cause de la vie privée et de la liberté d’information qu’elle entend incarner. Elle se fourvoie dans ses choix et, par ses agissements, met en danger la sécurité publique, entrave la lutte contre le terrorisme et précipite la mort de Faisal Marwan. Son personnage est en réalité directement inspiré de Laura Poitras, la journaliste qui a recueilli, avec Glenn Greenwald, les révélations d’Edward Snowden, pour en tirer le film Citizenfour, Oscar du meilleur documentaire. Elle-même s’était réfugiée à Berlin pour échapper à la surveillance de la NSA. En présentant une figure d’activiste aussi maladroite, arrogante et psychorigide que Laura Sutton, « Homeland » s’en prend de manière plus générale à la réputation de journalistes et de lanceurs d’alerte comme Laura Poitras, mais aussi Julian Assange, Chelsea Manning ou Edward Snowden, en véhiculant les jugements négatifs émis à leur encontre par les autorités étatsuniennes.
La validation d’une approche strictement sécuritaire de la surveillance
Ayant de cette façon donné une image négative de la défense de la vie privée, il devient plus aisé aux concepteurs de la série d’amener le spectateur à approuver l’adoption de mesures de surveillance accrues, même au détriment du respect de la légalité. Et ce d’autant plus que, comme nous l’avons souligné, surveillance et vie privée sont présentés comme mutuellement exclusifs, aucun équilibre entre les deux ne pouvant s’envisager, comme le requiert pourtant les textes de la Convention européenne des droits de l’homme (article 8) et du Pacte sur les droits civils et politiques (article 17). La nécessité des mesures de renseignement pour lutter contre le terrorisme est alors prônée en présentant, tout au long du récit, une menace islamiste omniprésente, tous les personnages musulmans rencontrés s’avérant liés, de près ou de loin, à des groupes terroristes, et ce quel que soit leur statut (imam, médecin, professeur d’université, membre d’ONG, commerçant…). A cet égard, la surveillance est montrée comme un outil très performant, qui aboutit à l’obtention d’informations totalement fiables, permettant, comme le déclarent Saul Berenson et Astrid (voir dialogues plus haut) d’identifier les djihadistes et d’empêcher les attentats. Ces informations sont à ce point infaillibles qu’elles permettent même à la CIA d’autoriser, sur le sol allemand, Peter Quinn à mener des opérations d’exécutions extrajudiciaires contre des responsables djihadistes, sans que leur légalité ou légitimité ne soit jamais questionnée. On ne trouve ainsi nulle trace, dans la série, des arguments juridiques formulés à l’encontre de l’utilisation abusive par les Etats-Unis de la surveillance à des fins de prévention du terrorisme, telles qu’elles se reflètent par exemple dans un rapport du Conseil de l’Europe :
« Les opérations de surveillance révélées jusqu’ici mettent en danger les droits de l’homme fondamentaux, notamment le droit au respect de la vie privée (article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, le droit à la liberté d’information et d’expression (article 10), ainsi que le droit à un procès équitable (article 6) et le droit à la liberté de religion (article 9) […].
L’Assemblée reconnaît la nécessité d’une surveillance ciblée et efficace des personnes soupçonnées de mener des activités terroristes et d’autres groupes de criminels organisés. Cette surveillance ciblée peut être un outil efficace pour faire respecter la loi et prévenir la criminalité. Parallèlement, elle observe que, d’après des études indépendantes réalisées aux Etats-Unis, les opérations de surveillance massive ne semblent pas avoir contribué à prévenir les attentats terroristes, contrairement à ce qu’affirmaient autrefois les hauts responsables des services de renseignement. Au contraire, des ressources qui pourraient servir à prévenir des attaques sont redirigées vers la surveillance massive, laissant des personnes potentiellement dangereuses libres d’agir » (« Les opérations de surveillance massive », Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Rapport rédigé par M. Pieter OMTZIGT, Commission des questions juridiques et des droits de l’homme, 18 mars 2015, Doc. 13734 ).
Comme on le constate, ce n’est pas en soi la surveillance ciblée des personnes soupçonnées de mener des activités terroristes qui est dénoncée, mais uniquement la surveillance de masse, considérée comme mettant en danger de manière fondamentale les droits de l’homme. L’alliance entre la CIA et le BND constitue un fait bien réel, mis en lumière par le journal Der Spiegel, sur la base des documents diffusés par Edward Snowden, et ayant donné lieu à une enquête du Bundestag, portant sur le respect de la législation nationale et des droits fondamentaux. Dans la version fictionnalisée qu’elle en propose, la série « Homeland » s’est placée résolument du côté du point de vue du gouvernement américain, en promouvant le recours massif à l’espionnage, sans tenir compte du respect de la vie privée, désignés sans nuance comme un obstacle à une lutte effective contre le terrorisme.